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12 Juillet 1906 : Le Capitaine Dreyfus est Déclaré Innocent et Réintégré dans l'Armée

Le 12 juillet 1906, la Cour de cassation annule sans renvoi le jugement du conseil de guerre de Rennes Le 12 juillet 1906, la Cour de cassation annule sans… ...

🗓️ 12 juillet 2025 📁 Histoire et Civilisations | Les Grandes Guerres

Le 12 juillet 1906, la Cour de cassation annule sans renvoi le jugement du conseil de guerre de Rennes

12 Juillet 1906 : Le Capitaine Dreyfus est Déclaré Innocent et Réintégré dans l'Armée
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Une affaire d'État au cœur de la Troisième République

Une France fracturée À la fin du XIXe siècle, la Troisième République est fragile. Les tensions entre républicains, monarchistes, catholiques et laïques sont vives. C’est dans ce contexte politique instable qu’éclate l’Affaire Dreyfus, du nom d’un officier juif accusé, à tort, d’avoir livré des secrets militaires à l’Empire allemand. Le 22 décembre 1894, Alfred Dreyfus, capitaine dans l’artillerie, est condamné pour haute trahison sur la base de preuves douteuses, principalement un document écrit, le « bordereau ». Il est publiquement dégradé dans la cour de l'École militaire de Paris et envoyé en déportation sur l’île du Diable, en Guyane.

Un procès entaché de préjugés et de falsifications Le procès de Dreyfus est marqué par l'antisémitisme, très présent dans l’armée et une partie de la presse de l’époque. La condamnation repose sur des documents secrets non communiqués à la défense, ce qui viole les principes de la justice. Comme l’écrira Émile Zola dans son célèbre article « J’accuse… ! » publié le 13 janvier 1898 dans L’Aurore, « on a osé, au nom de la raison d’État, condamner un innocent ».

Le combat des dreyfusards pour la justice

L'engagement d'intellectuels et d'hommes politiques L’affaire divise profondément l’opinion publique française. D’un côté, les anti-dreyfusards, souvent nationalistes et antisémites, refusent de remettre en question l’autorité militaire. De l’autre, les dreyfusards, défenseurs des droits de l’homme et de la justice, réclament la révision du procès. Parmi les figures clés de ce combat figurent Émile Zola, Jean Jaurès, Georges Clemenceau et Lucie Dreyfus, l’épouse du capitaine, qui lutte sans relâche pour son mari. La presse joue un rôle déterminant : des journaux comme L’Aurore ou Le Siècle deviennent des armes contre l’injustice.

Des révélations décisives En 1896, le colonel Picquart découvre que le véritable auteur du bordereau est un autre officier, le commandant Esterhazy. Malgré cette découverte, l’armée tente d’étouffer l’affaire et transfère Picquart. Ce n’est qu’après de multiples pressions que l’affaire est réexaminée. En 1899, un nouveau procès a lieu à Rennes. Dreyfus est de nouveau condamné, mais bénéficie d’une grâce présidentielle. Ce geste politique ne suffit pas aux yeux des dreyfusards : seule une réhabilitation complète peut réparer cette injustice.

Le 12 juillet 1906 : la réhabilitation officielle

La décision de la Cour de cassation Après plus d’une décennie de luttes juridiques et politiques, la Cour de cassation annule définitivement la condamnation d’Alfred Dreyfus le 12 juillet 1906. Il est alors officiellement réintégré dans l’armée avec le grade de commandant et décoré de la Légion d’honneur dans la cour de l’École militaire, là même où il avait été humilié. Cette décision marque un triomphe de la justice sur l’arbitraire, mais aussi une victoire pour les institutions républicaines qui, bien que tardivement, ont reconnu leurs erreurs.

Une réintégration symbolique La cérémonie de réintégration de Dreyfus est empreinte d’émotion et de solennité. Mais elle ne fait pas l’unanimité. Les blessures causées par l’affaire sont encore ouvertes, et les tensions sociales, politiques et religieuses subsistent. Toutefois, pour de nombreux républicains, cet acte représente une victoire de la vérité et du droit.

Les conséquences durables de l’Affaire Dreyfus

Une société transformée L’Affaire Dreyfus a profondément transformé la société française. Elle a provoqué une prise de conscience sur les dangers de l’antisémitisme, sur les limites du nationalisme aveugle et sur la nécessité de garantir une justice impartiale. Elle a aussi renforcé les valeurs républicaines : laïcité, liberté de la presse, indépendance de la justice. Jean Jaurès écrira : « La vérité est en marche et rien ne l’arrêtera. » L’affaire aura aussi un impact international. En Europe, elle alimente les débats sur les droits de l’homme. Le journaliste autrichien Theodor Herzl, couvrant l’affaire, en tire la conclusion que les Juifs n’ont pas d’avenir en Europe : il fonde ainsi le sionisme politique.

L’Affaire comme matrice des luttes modernes L’Affaire Dreyfus est souvent considérée comme le premier grand combat pour les droits civiques dans la France moderne. Elle préfigure les débats contemporains sur la justice, les minorités, et la transparence de l’État. Elle a aussi laissé une trace dans la mémoire collective : le terme « dreyfusard » est encore utilisé pour désigner ceux qui défendent la justice et l’éthique publique face au pouvoir.

Une réhabilitation qui a changé la République Le 12 juillet 1906 n’est pas seulement la fin d’une injustice : c’est une date charnière dans l’histoire politique et morale de la France. Le combat pour Dreyfus a renforcé les fondations démocratiques de la République française et révélé la puissance de la mobilisation citoyenne contre l’arbitraire. Alfred Dreyfus vivra encore 29 ans après sa réintégration, loin de la lumière publique. Il décédera en 1935. Il repose aujourd’hui au cimetière du Montparnasse, à Paris, honoré comme un symbole de justice retrouvée.

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