Georges Pompidou : un parcours républicain exemplaire
Du normalien à Matignon
Agrégé de lettres classiques, passionné d’art et de poésie, Georges Pompidou est d’abord professeur avant de devenir le collaborateur fidèle du général de Gaulle. Il entre véritablement en politique comme directeur de cabinet, puis devient Premier ministre de 1962 à 1968, un record de longévité sous la Ve République.
Élu président en 1969
Après la démission du général de Gaulle en avril 1969, Pompidou est élu président avec 58% des voix face à Alain Poher. Il incarne une continuité gaulliste teintée de modernité, attachée à la croissance économique, à l’ordre et à une ouverture vers l’Europe.
Une maladie longtemps dissimulée
Un président affaibli dès 1973
Dès le début de l’année 1973, Georges Pompidou présente des signes de fatigue. Il souffre en réalité d’une forme rare de maladie de Waldenström, un cancer du sang. Mais fidèle à la tradition du secret d’État, sa maladie est tenue confidentielle.
Une gestion de la communication verrouillée
Les apparitions publiques sont rares, les rumeurs vont bon train. Le chef de l’État s’éteint finalement le 2 avril 1974, à 21h, à son domicile parisien. Le choc est immense : c’est la première fois sous la Ve République qu’un président meurt en exercice.
Une onde de choc politique en pleine Ve République
La surprise et l’émotion nationale
L’annonce officielle est faite dans la soirée par le Premier ministre Pierre Messmer. Les drapeaux sont mis en berne, un deuil national est décrété. Les Français, touchés par la dignité de leur président, rendent hommage à un homme jugé compétent, discret et cultivé.
L’intérim d’Alain Poher
Conformément à l’article 7 de la Constitution, le président du Sénat Alain Poher assure l’intérim. Une nouvelle élection présidentielle doit se tenir dans les 20 à 35 jours. Le calendrier s’accélère, les partis s’agitent, la campagne est relancée.
Une élection présidentielle surprise : la victoire de Giscard d’Estaing
Chaban-Delmas, le dauphin présumé
Les gaullistes croient en la victoire de Jacques Chaban-Delmas, ancien Premier ministre de Pompidou. Mais c’est Valéry Giscard d’Estaing, ministre de l’Économie, qui l’emporte le 19 mai 1974, face à François Mitterrand. Le décès de Pompidou aura ouvert la voie à une alternance politique plus libérale.
La fin du gaullisme pur et dur
Pompidou représentait un gaullisme d’ouverture, moins rigide que celui du Général. Sa disparition signe symboliquement le début de la fin du gaullisme comme doctrine dominante, bien que son influence perdure.
L’héritage politique, culturel et économique de Georges Pompidou
Un président modernisateur
Sous son mandat, la France poursuit les Trente Glorieuses. Pompidou encourage l’industrie, l’innovation technologique (Plan Calcul, Concorde), l’aménagement du territoire (autoroutes, villes nouvelles) et défend une vision moderne de la France dans un monde en mutation.
Le Centre Pompidou : un legs culturel audacieux
Passionné d’art moderne, il initie la création d’un centre d’art pluridisciplinaire à Paris. Inauguré en 1977, le Centre Georges-Pompidou, surnommé Beaubourg, est aujourd’hui un des symboles de la culture contemporaine française.
Un homme de lettres et de poésie
Pompidou avait édité une anthologie de poésie française, révélant une sensibilité littéraire rare chez un chef d’État. Ce goût pour la culture, loin des calculs politiques, contribue à son image d’homme d’État lettré et humaniste.
Une disparition qui bouleversa la République
La mort prématurée de Georges Pompidou a laissé un vide dans la vie politique française. Ni tout à fait gaulliste orthodoxe, ni véritablement centriste, il symbolisait une France en transition entre tradition et modernité. En disparaissant à 62 ans, il laisse une image d’homme d’État respecté, d’intellectuel discret et de modernisateur lucide. Sa mort brutale fut un tournant, non seulement constitutionnel, mais aussi symbolique, dans une époque en quête de renouveau