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19 septembre 1356 : la défaite de Jean le Bon à Poitiers, tournant majeur de la guerre de Cent Ans

Le 19 septembre 1356, la France subit un revers historique à Poitiers Le 19 septembre 1356, la France subit un revers historique à Poitiers. ...

🗓️ 19 septembre 2025 📁 Histoire et Civilisations | Les Grandes Guerres

Le 19 septembre 1356, la France subit un revers historique à Poitiers

19 septembre 1356 : la défaite de Jean le Bon à Poitiers, tournant majeur de la guerre de Cent Ans
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Le 19 septembre 1356, la France subit un revers historique à Poitiers

La guerre de Cent Ans : un contexte explosif

Une querelle dynastique qui dégénère La guerre de Cent Ans (1337-1453) oppose la France à l’Angleterre sur fond de rivalités dynastiques et territoriales. À la mort du roi Charles IV en 1328, sans héritier mâle direct, Édouard III d’Angleterre revendique le trône de France en tant que petit-fils de Philippe IV le Bel. Mais c’est Philippe VI de Valois, cousin du défunt roi, qui est désigné. Cette contestation de la légitimité des Valois va dégénérer en conflit ouvert. Dès lors, l'Angleterre cherche à affaiblir la France par des chevauchées destructrices, tandis que les rois français tentent de préserver leur territoire et leur autorité.

Le rôle des "chevauchées" anglaises La stratégie anglaise repose sur la "chevauchée" : une campagne de raids rapides et violents en territoire ennemi, visant à terroriser les populations, ruiner l’économie locale et pousser le roi adverse à livrer bataille. En 1356, le Prince Noir (Édouard de Woodstock, fils d’Édouard III) mène l’une de ces chevauchées à travers l’Aquitaine, ravageant le sud-ouest de la France.

La marche vers Poitiers : une bataille inévitable

Jean le Bon prend les armes Jean II, surnommé "le Bon" pour son sens de l’honneur et son attachement à la chevalerie, prend personnellement la tête d’une armée forte d’environ 15 000 hommes. Il veut affronter et capturer le Prince Noir, dont les troupes comptent à peine 6 000 soldats, en majorité des archers et hommes d’armes anglais aguerris.

Une position anglaise bien défendue Le 18 septembre 1356, les deux armées se font face près de Poitiers. Le Prince Noir, conscient de sa faiblesse numérique, choisit une position défensive stratégique : il campe derrière des haies, sur un terrain étroit entouré de vignes et de bois, rendant difficile toute manœuvre de cavalerie. Selon Froissart, célèbre chroniqueur de l'époque : "Les Anglois s'étoient fort bien retranchés, et avoient ordonné leur bataille avec grande prudence."

Le désastre français du 19 septembre 1356

L’assaut frontal : une erreur tactique fatale Contre l’avis de certains de ses conseillers, Jean le Bon ordonne une attaque frontale. Les chevaliers français, engoncés dans leurs armures, s’élancent contre les lignes anglaises… et tombent dans un piège mortel. Les archers anglais décochent leurs flèches en rafale, provoquant le chaos. La cavalerie française est désorganisée, piégée dans les haies et repoussée.

La capture du roi de France Jean le Bon, malgré la déroute, combat vaillamment avec son fils Philippe, âgé de 14 ans. Il refuse de fuir, fidèle à son idéal chevaleresque. Finalement encerclé, il se rend avec panache au chevalier Denis de Morbecque, au service de l’Angleterre. La légende veut qu’il ait dit : "Je suis le roi. Rendez-moi au Prince de Galles."

Conséquences immédiates et long terme de la bataille

Le roi prisonnier à Londres Jean le Bon est emmené en captivité en Angleterre. Il y sera détenu au palais de la Savoy à Londres, traité avec les égards dus à un roi, mais utilisé comme monnaie d’échange politique. Son absence plonge la France dans le désarroi : son fils aîné, le futur Charles V, tente de gouverner un royaume en crise depuis Paris.

Le traité de Brétigny : une lourde rançon En 1360, la France est contrainte de signer le traité de Brétigny, cédant une vaste portion du territoire (notamment la Guyenne) aux Anglais et s'engageant à payer une rançon astronomique de 3 millions d'écus d’or pour libérer Jean le Bon. Un véritable gouffre pour le trésor royal.

Une crise politique et sociale profonde Cette défaite humiliante aggrave les tensions internes. La monarchie perd de sa crédibilité, le pouvoir royal est contesté, notamment par les États généraux réunis sous l’influence d’Étienne Marcel. À la même époque, la Jacquerie (1358) éclate : les paysans se révoltent contre les nobles qu’ils accusent de les avoir abandonnés.

Jean le Bon, un roi chevaleresque mais dépassé

Un roi de l’ancien monde Jean le Bon incarne une noblesse attachée aux codes de la chevalerie, à l’honneur, au duel, au combat loyal. Face à la guerre moderne menée par les Anglais – fondée sur la discipline, les archers et les tactiques défensives – cette vision semble dépassée.

La monarchie sur la voie de la réforme L’humiliation de Poitiers marque un tournant. Charles V, son fils, montera sur le trône en 1364 et entamera un redressement intelligent du royaume, en misant sur une armée professionnelle, des alliances diplomatiques et une meilleure gestion du royaume. La leçon de Poitiers aura été dure, mais salutaire.

Une défaite qui forge la résilience française Le 19 septembre 1356 reste l’une des dates les plus sombres de l’histoire de France. Mais de cette défaite émergera une nouvelle vision du pouvoir, de la guerre, et du rôle de l’État. Si Jean le Bon est tombé à Poitiers, la monarchie française s’est relevée avec intelligence et ténacité, ouvrant la voie à la reconquête du royaume sous Charles V et Charles VII.

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