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16 juin 1940 : Pétain, l’homme de la défaite

Le 16 juin 1940: un tournant dramatique dans l’histoire de France Le 16 juin 1940: un tournant dramatique dans l’histoire de France. ...

🗓️ 16 juin 2025 📁 Histoire et Civilisations | Les Grandes Guerres

Le 16 juin 1940 : un tournant dramatique dans l’histoire de France

16 juin 1940 : Pétain, l’homme de la défaite
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Le 16 juin 1940 : un tournant dramatique dans l’histoire de France

Un contexte de chaos militaire et politique Au printemps 1940, la France est envahie par les troupes allemandes. La Wehrmacht progresse rapidement, franchissant la ligne Maginot contournée par les Ardennes. Le gouvernement de Paul Reynaud est divisé sur la conduite à tenir : résister jusqu’au bout ou négocier une paix avec l'Allemagne. Reynaud, favorable à la résistance, perd le soutien de son gouvernement. Le 16 juin 1940, acculé, il démissionne.

Pétain, figure rassurante pour une France en crise Philippe Pétain, héros de Verdun durant la Première Guerre mondiale, est vu par beaucoup comme un sauveur. À 84 ans, il incarne l’ordre et la stabilité. Le président Albert Lebrun nomme donc Pétain président du Conseil, cédant à l’opinion et à la peur ambiante. Cette nomination se fait dans un climat de panique, où la défaite paraît inéluctable.

La demande d’armistice : un choix controversé

Le 17 juin : appel à cesser les combats Dès le lendemain de sa nomination, le 17 juin 1940, Pétain prononce un discours radiophonique célèbre : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. » Cet appel, entendu par des millions de Français, acte symboliquement la fin des espoirs de résistance du gouvernement légal. Il ouvre la voie à la signature de l’armistice avec l’Allemagne, qui aura lieu le 22 juin à Rethondes.

Une rupture avec les principes de la République Pétain affirme vouloir « épargner à la France les horreurs de la guerre ». Mais ce choix d’abandonner le combat s’accompagne rapidement d’une transformation politique radicale. En quelques semaines, la République est suspendue. Le 10 juillet 1940, l’Assemblée nationale accorde les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, mettant fin à la Troisième République.

Les conséquences immédiates : la naissance du régime de Vichy

Un régime autoritaire sous influence allemande Le régime de Vichy, dirigé par Pétain depuis la ville thermale du même nom, adopte une idéologie réactionnaire et autoritaire. Sa devise « Travail, Famille, Patrie » remplace la devise républicaine. Le pouvoir législatif est dissous, les partis sont interdits, la presse est muselée. La collaboration avec l’Allemagne devient officielle après la rencontre entre Pétain et Hitler à Montoire en octobre 1940.

La persécution des Juifs et des résistants Pétain et son gouvernement s’engagent activement dans la politique antisémite nazie. Le « Statut des Juifs » d’octobre 1940 exclut les Juifs de nombreuses professions. En 1942, la police française participe aux rafles, dont la tristement célèbre rafle du Vel’ d’Hiv. Dans le même temps, la répression contre la Résistance s’intensifie.

Le mythe du « bouclier » : une légende tenace

Une défense après-guerre : Pétain aurait protégé les Français Après la Libération, certains pétainistes ont tenté de justifier l’attitude de Pétain par la théorie du « bouclier ». Selon cette thèse, Pétain aurait joué un double jeu : collaborer officiellement avec l’Allemagne tout en limitant les dégâts pour la population française.

Une théorie réfutée par les historiens Les recherches historiques modernes ont démontré que cette théorie ne tient pas. Pétain a été un collaborateur zélé, allant parfois plus loin que ce que les nazis exigeaient, notamment en matière de persécutions raciales. Le procès de Pétain en 1945 pour haute trahison aboutit à sa condamnation à mort, commuée en réclusion à perpétuité par le général de Gaulle.

Héritages et mémoires : un passé encore sensible

Une mémoire divisée en France La figure de Pétain reste profondément divisive en France. Certains, notamment dans l’extrême droite, continuent de voir en lui un « bouclier » ou un patriote. D’autres rappellent l’ampleur des crimes du régime de Vichy. En 2018, la polémique ressurgit lorsque Emmanuel Macron évoque Pétain comme « un grand soldat » de la Grande Guerre, tout en condamnant son rôle pendant la Seconde.

Enseigner Pétain : un devoir de mémoire Dans les programmes scolaires français, le régime de Vichy est abordé comme une rupture grave des principes républicains. Le rôle actif de l’État français dans la Shoah y est clairement reconnu. Le 16 juillet, date de la rafle du Vel’ d’Hiv, est devenue une journée officielle de mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français.

Une date-clé qui a bouleversé la France Le 16 juin 1940 marque bien plus que la nomination d’un nouveau chef de gouvernement. Il incarne un basculement tragique : celui d’un pays vaincu qui renonce à ses valeurs démocratiques pour se placer sous la tutelle d’un régime autoritaire et collaborateur. Ce choix, justifié à l’époque par la peur et le désespoir, reste une blessure dans l’histoire de France. Il rappelle à quel point les décisions prises dans l’urgence peuvent avoir des conséquences durables et profondes.

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