Le 22 novembre 1963, à Dallas, le président des États-Unis John Fitzgerald Kennedy est assassiné alors qu’il défile en voiture décapotable avec son épouse. Cette scène filmée, tragique et violente, a profondément marqué l’Amérique et le monde. Officiellement, Lee Harvey Oswald est désigné comme le tireur solitaire. Pourtant, plus de soixante ans après, de nombreuses zones d’ombre demeurent. L’affaire JFK continue d’alimenter livres, films, enquêtes et théories du complot. Quels sont les faits, les incohérences, les pistes ignorées ? Retour sur l’un des assassinats politiques les plus mystérieux du XXe siècle.
Le contexte tendu des années 60
JFK, un président en rupture
Élu en 1960, John Fitzgerald Kennedy incarne une nouvelle génération politique. Jeune, charismatique, catholique, il est porteur d’une vision ambitieuse pour les États-Unis : lutte contre la ségrégation raciale, programme spatial (Moon Speech), politique plus souple envers l’URSS.
Mais Kennedy se heurte à de puissants adversaires :
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Le complexe militaro-industriel
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La CIA, qu’il critique sévèrement après l’échec de la Baie des Cochons
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Les barons du Sud ségrégationniste
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La mafia, qui aurait soutenu son élection mais se sent trahie
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Les partisans de la guerre totale contre Cuba et le Vietnam
Un climat de guerre froide sous haute tension
En 1962, la crise des missiles de Cuba place le monde au bord de la guerre nucléaire. Kennedy parvient à désamorcer le conflit avec l’URSS, au prix d’une promesse de ne pas envahir Cuba. Cette attitude, jugée trop conciliante par certains, alimente les rancunes au sein de l’appareil militaire et du renseignement.
Le 22 novembre 1963 à Dallas : un assassinat en direct
Une journée dramatique
Le cortège présidentiel traverse le centre de Dallas sous les applaudissements. À 12h30, alors que la voiture présidentielle passe sur Dealey Plaza, trois coups de feu retentissent. JFK est touché à la tête. Il meurt peu après à l’hôpital Parkland.
"Le président Kennedy est mort à 13 heures." – Walter Cronkite, CBS News
L’arrestation de Lee Harvey Oswald
Lee Harvey Oswald, employé au Texas School Book Depository, est arrêté une heure plus tard. Il nie toute responsabilité, déclare être un “pigeon”. Deux jours après, alors qu’il est transféré, il est abattu en direct à la télévision par Jack Ruby, un patron de boîte de nuit lié à la pègre. Cette exécution relance immédiatement les soupçons d’une conspiration.
Les conclusions officielles : le rapport Warren
Le tireur solitaire
En 1964, la Commission Warren, mise en place par le président Lyndon B. Johnson, conclut qu’Oswald a agi seul, depuis le sixième étage du dépôt de livres. Trois balles auraient été tirées en 5,6 secondes. Une seule balle – la "balle magique" – aurait touché Kennedy et le gouverneur du Texas, John Connally.
Des doutes dès le départ
Très vite, des journalistes, historiens et citoyens remettent en cause cette version :
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Le timing semble trop court pour un tireur non entraîné.
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Le film Zapruder montre la tête de Kennedy projetée vers l’arrière, suggérant un tir frontal.
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De nombreux témoins évoquent des tirs venus de la “grassy knoll” (butte herbeuse).
Le mobile d’Oswald reste flou, tout comme ses voyages à Cuba et en URSS.
Théories du complot : entre faits troublants et spéculations
La CIA et les anti-castristes
Kennedy aurait voulu réduire le pouvoir de la CIA après plusieurs opérations ratées. Certains agents radicaux, associés à des exilés cubains, auraient pu vouloir sa mort pour relancer l’offensive contre Castro.
Le FBI et J. Edgar Hoover
Hoover, tout-puissant patron du FBI, était hostile aux Kennedy. Il aurait minimisé des preuves clés, surveillé Oswald, et potentiellement couvert certains éléments.
La mafia américaine
Les liens entre la mafia, la CIA et la lutte contre Castro sont établis. Des parrains comme Sam Giancana ou Carlos Marcello auraient voulu éliminer Kennedy, perçu comme un traître après la croisade judiciaire de son frère, Robert Kennedy, contre le crime organisé.
Le complexe militaro-industriel
Kennedy voulait réduire la présence américaine au Vietnam. Ses détracteurs, liés aux industries d’armement et à l’armée, auraient eu intérêt à l’écarter pour maintenir une stratégie belliciste.
Les révélations postérieures : vers une vérité partielle ?
Le rapport du Congrès (HSCA)
En 1979, le House Select Committee on Assassinations conclut qu’il y a probablement eu une conspiration, basée sur une analyse audio d’un policier ayant enregistré des tirs supplémentaires. Mais aucun commanditaire n’est nommé.
Les documents déclassifiés
Depuis les années 1990, des milliers de documents ont été rendus publics. Ils confirment :
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Les surveillances actives d’Oswald par la CIA
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Des contacts suspects avec l’ambassade de l’URSS à Mexico
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Les efforts pour dissimuler certains liens entre agences
En 2022, des fichiers restaient encore classifiés. La transparence est incomplète, alimentant toujours le doute.
Une affaire qui fascine encore
Dans la culture populaire
Films, séries, livres, podcasts : l’affaire JFK est omniprésente. Le film JFK d’Oliver Stone, en 1991, relance le débat et provoque une loi sur la publication des documents secrets.
Des auteurs comme Jim Marrs ou David Talbot creusent l’implication du "Deep State" et des réseaux invisibles du pouvoir.
Un traumatisme national
L’assassinat de Kennedy n’a pas seulement tué un homme : il a brisé l’innocence d’une génération. Beaucoup d’Américains estiment que la vérité n’a jamais été complètement dite.
JFK : un mystère américain toujours ouvert
L’assassinat de John F. Kennedy reste l’un des événements les plus énigmatiques de l’histoire moderne. Malgré les enquêtes officielles, la version du tireur isolé peine à convaincre. Le flou, les incohérences, les documents classifiés et les morts suspectes nourrissent encore la suspicion. Plus qu’un fait divers, cette affaire reflète les tensions, les luttes de pouvoir et les fractures de l’Amérique des années 60. Elle pose une question toujours brûlante : qui détient vraiment le pouvoir ?