Entre l’aube du Débarquement allié en Normandie et la capitulation allemande du 8 mai 1945, onze mois cruciaux redéfinissent le visage de l’Europe et marquent un tournant irréversible dans l’histoire du XXe siècle. Retour sur cette séquence historique intense, qui a scellé la fin du nazisme et ouvert la voie à un nouvel ordre mondial.
Le 6 juin 1944 : L’aube d’un tournant historique
Une opération titanesque planifiée dans le plus grand secret
Le Débarquement de Normandie, nom de code Opération Overlord, constitue la plus vaste opération amphibie militaire de l’histoire. Mobilisant près de 156 000 soldats alliés, issus principalement des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada, il marque le début de la libération de l’Europe occupée. Préparé durant des mois, avec des moyens logistiques colossaux (plus de 5 000 navires et 11 000 avions), le débarquement a pour objectif de créer une tête de pont en France pour permettre une avancée vers l’Allemagne nazie.
Le poids symbolique de la Normandie
Les plages d’Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword deviennent le théâtre de combats sanglants. À Omaha Beach, les pertes américaines sont particulièrement lourdes. Malgré cela, les Alliés parviennent à établir une présence durable et entament leur progression dans le bocage normand, au prix de lourdes pertes.
La libération progressive de la France
La bataille de Normandie : un été meurtrier
Après le 6 juin, les combats s’enlisent dans la bataille de Normandie, marquée par une résistance allemande acharnée. Des villes comme Caen, Saint-Lô ou Falaise sont presque entièrement détruites. L’encerclement de la poche de Falaise en août 1944 marque la fin de la présence allemande en Normandie.
Paris se soulève : la capitale libérée
Le 19 août 1944, la Résistance parisienne lance une insurrection contre l’occupant nazi. Le 25 août, les troupes du général Leclerc et la 2e DB entrent dans la ville. Charles de Gaulle, dans un discours resté célèbre, déclare depuis l’Hôtel de Ville : « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré ! »
L’automne et l’hiver 1944 : l’agonie du Reich
L’Opération Market Garden : une audace avortée
En septembre 1944, les Alliés lancent l’opération Market Garden aux Pays-Bas pour tenter une percée rapide vers l’Allemagne. Malgré l’audace de la manœuvre, elle échoue à Arnhem, retardant l’entrée en territoire allemand.
La bataille des Ardennes : le dernier sursaut allemand
En décembre 1944, Hitler lance une contre-offensive massive dans les Ardennes belges, espérant diviser les forces alliées. Malgré un effet de surprise initial, les Alliés parviennent à repousser les Allemands lors de cette bataille brutale et glaciale, surnommée la Bataille des Ardennes. Elle marque la fin des illusions d’un redressement militaire allemand.
1945 : l’écrasement final du nazisme
L’entrée en Allemagne et la découverte de l’horreur
Début 1945, les troupes alliées entrent en Allemagne tandis que les Soviétiques avancent à l’Est. En avril, ils découvrent les camps de concentration et l’ampleur des crimes nazis. Le monde est confronté à l’horreur de la Shoah, et les Alliés comprennent l'urgence de faire tomber le régime hitlérien.
Berlin encerclée : l'URSS aux portes du Reichstag
Les troupes soviétiques atteignent Berlin en avril 1945. Le 30 avril, Adolf Hitler se suicide dans son bunker. La capitale allemande tombe dans les jours qui suivent.
Le 8 mai 1945 : la capitulation allemande
Une reddition sans condition
Le 7 mai 1945, à Reims, l’Allemagne signe une première reddition sans condition devant les Alliés de l’Ouest. Une seconde signature a lieu le 8 mai à Berlin, devant les Soviétiques, pour satisfaire les exigences de Staline. Ce jour devient le Jour de la Victoire en Europe, marquant la fin officielle de la guerre sur le continent.
Joie, deuil et reconstruction
Des scènes de liesse éclatent dans toute l’Europe, notamment à Londres, Paris et New York. Mais la joie est mêlée au deuil : plus de 50 millions de morts dans le monde, des villes détruites, des familles décimées. Commence alors une longue phase de reconstruction politique, économique et morale.
Une année qui a changé la face du monde
De juin 1944 à mai 1945, le monde a basculé. La chute du IIIe Reich a ouvert une ère nouvelle, marquée par la Guerre froide, la division de l’Allemagne, la création de l’ONU et la prise de conscience des atrocités du nazisme. L’unité des Alliés pendant cette année décisive a laissé place à de nouveaux équilibres géopolitiques, qui influencent encore notre monde contemporain.