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Et si les Romains avaient construit la Grande Pyramide ?

Et si les Romains, maîtres du monde antique, avaient voulu bâtir la Grande Pyramide ? Analyse d’un scénario fictif mais réaliste à la croisée de l’architecture, de l’histoire et de l’ingénierie. ...

🗓️ 18 décembre 2025 📁 Histoire et Civilisations | Les Grandes Civilisations

Et si l’une des merveilles du monde antique, la Grande Pyramide de Khéops, n’avait pas été construite par les Égyptiens de l’Ancien Empire, mais par les Romains au sommet de leur puissance ? Une uchronie historique intrigante, qui interroge à la fois le génie architectural de Rome, sa logistique militaire, et sa capacité à reprendre ou réinventer les réalisations des civilisations qu’elle a conquises. Que serait devenue cette pyramide ? À quoi aurait-elle ressemblé ? Où l’auraient-ils érigée, et dans quel but ? Plongée dans un fascinant exercice d’histoire alternative.

Et si les Romains avaient construit la Grande Pyramide ?
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Le contexte uchronique : quand Rome regarde vers les pyramides

L’Empire romain s’étend au Ier siècle avant notre ère sur un territoire immense, de la Bretagne au désert syrien. En 30 av. J.-C., l'Égypte est annexée par Rome après la mort de Cléopâtre et de Marc Antoine. Le pays devient une province impériale directement administrée par l'empereur.

Les Romains découvrent alors avec émerveillement les monuments colossaux de la vallée du Nil. Les pyramides, vieilles de plus de 2500 ans à l’époque, fascinent. Pline l’Ancien les décrit comme des œuvres « inutiles, mais grandioses ». Mais imaginons un autre scénario : et si, au lieu de les admirer, les Romains avaient décidé de construire leur propre Grande Pyramide, à leur gloire ou à celle de l’empereur ?

Pourquoi les Romains auraient-ils construit une pyramide ?

Dans cette hypothèse, plusieurs motivations peuvent être envisagées :

  • Politique : ériger un monument surpassant celui des pharaons aurait été un acte symbolique fort de domination culturelle.

  • Funéraire : à la manière des mausolées impériaux (comme celui d’Auguste), une pyramide romaine aurait pu accueillir les cendres d’un empereur divinisé.

  • Religieuse : Rome intègre souvent les cultes des peuples conquis. Une pyramide aurait pu être dédiée à un syncrétisme entre Isis, Jupiter ou Sol Invictus.

  • Propagande : construire une pyramide plus haute que celle de Khéops, en plein cœur de l’Empire, aurait affirmé la supériorité romaine sur toutes les civilisations précédentes.

Où les Romains auraient-ils construit leur pyramide ?

Plusieurs lieux peuvent être imaginés pour accueillir une telle structure :

  • Rome même, sur la Via Appia ou proche du Forum, à proximité du Colisée ou du Panthéon.

  • Alexandrie, ville carrefour entre Orient et Occident, où les Romains auraient affirmé leur puissance.

  • Carthage, reconstruite après sa destruction, pour marquer le triomphe éternel de Rome sur ses ennemis.

  • Lugdunum (Lyon), capitale des Gaules, aurait pu être choisie pour montrer l’universalité de Rome.

Le choix du lieu aurait conditionné la taille, les matériaux et la fonction du monument.

Matériaux et techniques : un chantier à la romaine

Les Romains n’auraient sans doute pas utilisé les mêmes techniques que les Égyptiens.

Béton romain vs blocs de calcaire

  • Les Égyptiens ont taillé et déplacé des blocs de calcaire (jusqu’à 80 tonnes) avec des rampes, des traîneaux et des milliers d’ouvriers.

  • Les Romains auraient probablement utilisé leur fameux opus caementicium : un béton révolutionnaire, résistant et facile à mouler, qui compose encore aujourd’hui le Panthéon ou l’aqueduc de Pont du Gard.

La pyramide romaine aurait pu avoir une structure en béton recouverte de marbre blanc, à l’image des temples impériaux.

Organisation du travail

  • Les Romains, experts en logistique militaire, auraient mobilisé des légions d’ouvriers, des esclaves et des ingénieurs (architecti).

  • Des machines de levage (poulies, grues à contrepoids) auraient été utilisées à grande échelle.

À quoi aurait ressemblé une pyramide romaine ?

On peut imaginer une pyramide :

  • Moins massive que celle de Khéops, mais plus décorée,

  • Avec un socle orné de fresques célébrant les victoires militaires de l’empereur,

  • Surmontée non pas d’un pyramidion en or, mais d’une statue colossale de l’empereur,

  • Traversée par un escalier intérieur en colimaçon, pour permettre les visites ou les processions.

Elle aurait probablement été inscrite dans un complexe monumental, entourée de colonnes, de jardins, de statues, comme le Forum de Trajan.

Héritage architectural : les pyramides oubliées de Rome

Il est intéressant de noter que les Romains ont bel et bien construit quelques pyramides, dont la pyramide de Cestius à Rome (27 m de haut), bâtie vers 12 av. J.-C. comme tombeau d’un magistrat fasciné par l’Égypte. C’est une preuve que cette forme n’était pas étrangère aux architectes romains.

Mais une grande pyramide impériale, comparable à celle de Gizeh, n’a jamais vu le jour. Peut-être parce que Rome préférait les arcs de triomphe, les forums et les thermes, qui incarnaient mieux la centralité de la vie publique romaine, par opposition à la verticalité symbolique des tombeaux égyptiens.

Que nous dit cette uchronie sur le génie romain ?

Imaginer les Romains bâtissant la Grande Pyramide, c’est souligner leur capacité d’adaptation architecturale, leur pragmatisme, mais aussi leurs limites culturelles.

Ils admiraient les civilisations anciennes mais préféraient bâtir selon leurs propres symboles : la coupole du Panthéon, le dôme impérial, le cirque et l’amphithéâtre. Une pyramide géante aurait été possible techniquement, mais sans doute incompatible avec l’esprit romain, orienté vers la cité et la vie collective, plutôt que le mystère et la monumentalité funéraire.

La pyramide romaine : un rêve d’empire jamais concrétisé

Si les Romains avaient construit une Grande Pyramide, le paysage de l’histoire architecturale en aurait été bouleversé. Elle aurait symbolisé un empire conquérant, mais aussi bâtisseur de légendes. Pourtant, cette uchronie nous rappelle que chaque civilisation choisit ses monuments selon ses valeurs : l’Égypte l’éternité, Rome la grandeur vivante. Et c’est peut-être dans cette différence que réside tout l’intérêt de cette fiction.

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