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La guerre du Golfe

🗓️ 06/12/2025 · 53:14 · 👁️‍🗨️ 5 vues -

Le 2 août 1990, l’armée irakienne envahit le Koweït sur ordre de Saddam Hussein, déclenchant une crise internationale sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. En janvier 1991, la guerre du Golfe éclate. Menée par une coalition internationale sous l’égide des Nations Unies et dirigée par les États-Unis, cette guerre courte mais intense symbolise le basculement dans un nouvel ordre mondial, façonné par les enjeux pétroliers, la diplomatie de l’ONU, et la puissance médiatique de la télévision en direct.

Les origines du conflit : pétrole, dette et ambitions régionales

La guerre du Golfe ne surgit pas de nulle part. Elle est le fruit de tensions anciennes, aggravées par des rivalités économiques, territoriales et idéologiques.

L’Irak exsangue après la guerre Iran-Irak

Saddam Hussein sort affaibli de la guerre contre l’Iran (1980-1988). Le conflit a coûté des centaines de milliers de vies et ruiné l’économie irakienne. Le régime de Bagdad croule sous une dette de 80 milliards de dollars, en grande partie due aux prêts du Koweït et de l’Arabie saoudite.

Le Koweït, cible idéale

Saddam Hussein accuse le Koweït de pratiquer une surproduction pétrolière, qui fait baisser les prix et pénalise l’Irak. Il revendique aussi des territoires au sud du Koweït, notamment le champ pétrolier de Rumaila, et prétend que le Koweït est une "province volée" de l’Irak.

Le 2 août 1990, il lance l’invasion. En moins de deux jours, le petit émirat est totalement occupé.

Une riposte internationale sans précédent

L’annexion du Koweït choque la communauté internationale. L’ONU réagit rapidement, posant les jalons d’une réponse militaire collective.

Une coalition multinationale sous mandat de l’ONU

Dès le 6 août 1990, le Conseil de sécurité impose un embargo économique total à l’Irak. En novembre, la résolution 678 autorise le recours à la force si l’Irak ne se retire pas avant le 15 janvier 1991.

Une coalition de 35 pays, menée par les États-Unis, se forme : France, Royaume-Uni, Arabie saoudite, Égypte, Canada, etc. En tout, plus de 900 000 soldats, dont 540 000 Américains, sont déployés dans la région.

L’opération "Bouclier du désert"

Dès août 1990, l’opération Desert Shield (Bouclier du désert) vise à défendre l’Arabie saoudite et à préparer une riposte militaire. C’est un gigantesque déploiement logistique : chars, avions, missiles, troupes, satellites… L’Amérique montre sa capacité de projection globale.

L’offensive éclair : opération Tempête du désert

Le 17 janvier 1991 à 3h du matin (heure de Bagdad), débute l’opération Tempête du désert (Desert Storm), une campagne militaire foudroyante.

Une guerre technologique et aérienne

Pendant plus d’un mois, la coalition mène une campagne aérienne massive : plus de 100 000 sorties de bombardement. Les cibles sont stratégiques : communications, radars, installations militaires, aéroports, dépôts pétroliers…

C’est la première guerre à grande échelle ultra-technologique : missiles Tomahawk, avions furtifs F-117, satellites GPS. Le monde découvre une guerre "propre" et téléguidée… du moins en apparence.

L’offensive terrestre : une victoire rapide

Le 24 février 1991, les troupes alliées lancent l’assaut terrestre. En 100 heures, les forces irakiennes sont balayées. Le 27 février, le Koweït est libéré. Le 28 février, le président George H. W. Bush annonce le cessez-le-feu.

Une guerre médiatique : CNN et l’ère du direct

La guerre du Golfe marque aussi un tournant dans la manière dont les conflits sont perçus par le public mondial.

La première "guerre télévisée en direct"

La chaîne CNN diffuse en continu des images de la guerre. Pour la première fois, les bombes tombent en direct dans les salons. Les frappes nocturnes sur Bagdad sont diffusées dans le monde entier. Le traitement médiatique est encadré par l’armée, ce qui donne une vision très contrôlée de la guerre.

Une guerre de l’image… et de la propagande

La guerre est soigneusement scénarisée : missiles "intelligents", frappes chirurgicales, zéro mort côté allié… Une image rassurante pour l’opinion occidentale. Pourtant, les pertes civiles en Irak sont importantes, même si leur nombre exact reste flou.

Les conséquences géopolitiques d’un conflit éclair

La guerre du Golfe a des effets majeurs sur l’équilibre mondial et la région du Moyen-Orient.

L’Irak affaibli mais Saddam reste en place

Bien que militairement vaincu, Saddam Hussein reste au pouvoir. L’Irak est soumis à un embargo total, des zones d’exclusion aérienne sont imposées, et des missions d’inspection (UNSCOM) sont mises en place pour éliminer les armes de destruction massive.

Mais le peuple irakien, et non le régime, paie le prix de l’embargo. Famine, pauvreté, maladies se développent. Saddam réprime violemment les révoltes chiites et kurdes de 1991.

Les États-Unis, superpuissance incontestée

La guerre du Golfe renforce la domination américaine sur le plan militaire et diplomatique. Après la chute de l’URSS (décembre 1991), les États-Unis apparaissent comme l’unique superpuissance. C’est le début du "nouvel ordre mondial" annoncé par Bush père.

Une fracture durable au Moyen-Orient

La présence militaire américaine prolongée en Arabie saoudite est mal perçue dans le monde musulman. Elle alimente un ressentiment profond, exploité plus tard par des mouvements djihadistes, dont Al-Qaïda.

Quand la guerre devient un spectacle et un avertissement

La guerre du Golfe fut courte, mais elle a redéfini la manière dont les conflits se mènent, se médiatisent et s’interprètent. Elle annonce les guerres du XXIe siècle : technologiques, médiatiques, asymétriques. Ce fut aussi un prélude aux tensions futures, qui culmineront en 2003 avec l’invasion de l’Irak.

Loin d’avoir réglé les problèmes de la région, le conflit a laissé des traces durables : déséquilibres géopolitiques, rancunes nationales, et bouleversements sociaux. Le monde a basculé en 1991, dans un nouvel ordre façonné par le pétrole, les écrans et la puissance américaine.